Lausanne, le 17 décembre 2002
 
 
SECRETAN, histoire d'une famille lausannoise de 1400 à nos jours

 

La famille SECRETAN

 

C'est à Orny, au pied du Jura, à un kilomètre de La Sarraz, que l'on trouve en 1412 ses premières traces, avec Louis Secretan, curé d'Orny et chanoine de l'Abbaye du Lac de Joux. A cette époque, les SECRETAN, dont le nom dérive du mot latin sacristanus, qui veut dire qui a soin d'une sacristie, qui en est possesseur ou en bénéficie, sont bien implantés dans la région. Comme pérolliers, ils battent le cuivre, grâce aux eaux du Nozon; ils possèdent des vignes, cultivent leurs terres et réussissent, en 1447 déjà, à se faire affranchir de la taillabilité par le baron Guillaume de La Sarraz.  Se sentant probablement un peu à l'étroit dans leur village, certains membres de la famille décident de le quitter pour tenter leur chance ailleurs. C'est le cas d'Antoine Secretan qui s'installe à Orbe vers 1430, et dont les descendants deviennent Conseillers, membre de l'Etroit Conseil, et même Gourverneur. C'est le cas aussi d'Henri Secretan, cité bourgeois de Lausanne en 1468, qui devient notaire et, en 1473, prieur de la ville (prior & gubernator), c'est-à-dire syndic. C'est le cas enfin de Louis Secretan, cité bourgeois de Genève en 1505, qui devient membre des Conseils des 60, en 1527, et des 200, en 1530.

 

Cette ascension sociale rapide, relativement conforme à l'évolution générale d'une époque, marquée par un renforcement notable de la bourgeoisie et par un affaiblissement subséquent de la noblesse féodale, se poursuit au XVIe siècle avec notamment Nicolas Secretan (1540 env.-1613), notaire, commissaire, maisonneur, grossautier, boursier et banneret de la Cité, qui devient Seigneur de Cheyres et de la Naz, à la suite de son mariage avec Claudine de la Molière.

 

Témoins en un peu plus d'un siècle, de plusieurs évènements historiques importants (les guerres de Bourgogne, la chute du Régime savoyard, la Réforme et la Conquête du Pays de Vaud par les Bernois), les SECRETAN s'adaptent, adoptent la religion protestante et profitent, dès 1536, des nouvelles institutions mises en place par le nouveau Régime.

 

La famille devient alors une famille de robe, de notables et d'indépendants et fournit, entre autres, au cours des siècles qui suivent, des hommes politiques (54), des magistrats (41), des juges (27) mais aussi de très nombreux pasteurs (47), des notaires (35), des avocats (15), des médecins (21), des ingénieurs (32) et plusieurs professeurs d'Université (17).

 
Le livre

 

Ce livre, qui raconte l'histoire de l'une des plus anciennes familles lausannoises, si ce n'est de la plus ancienne, est préfacé par le professeur Jean-François Bergier de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, membre, lui aussi, de la plus ancienne, si ce n'est de l'une des plus anciennes familles lausannoises !

 

Il comprend trois parties:

 

·                la première (198 pages) présente l'origine, la structure et le rôle joué par la famille SECRETAN dans l'histoire de Lausanne et du Pays de Vaud, depuis la fin du Régime savoyard jusqu'à nos jours, ainsi que plus de cinq cents biographies concernant ses membres;

·                la deuxième (80 pages) donne les caractéristiques démographiques, professionnelles, sociales, héraldiques, économiques et  politiques de la famille ainsi qu'une synthèse des principales d'entre-elles;

·                la troisième (53 pages), enfin, contient cinquante-et-un arbres généalogiques avec les photos de plus de cinq cents membres de la famille SECRETAN.

 

Les annexes (57 pages) fournissent des renseignements de synthèse sur les professions et les mandats publics exercés par les SECRETAN, ainsi qu'une liste des fonds d'archives contenant des documents concernant la famille.

 

L'ouvrage, qui est le fruit d'un travail de plus de cinq ans, dépasse le cadre des chroniques familiales traditionnelles. C'est à la fois la Grande et la Petite histoire avec ses détails peu connus et des clins d'œil qui font parfois sourire. C'est un ouvrage utile pour tous ceux qui désirent en savoir plus sur l'histoire complexe de leur ville et de leur canton. C'est aussi une source d'informations pour les spécialistes en micro-histoire ou en anthropologie historique qui étudient l'évolution des familles sur des périodes longues.

 

Le livre compte quatre cents pages avec quelque deux cents illustrations en noir et blanc et seize pages en couleur. Il est imprimé par l'Entreprise d'arts graphiques Genoud SA, sur du papier Z Offset 120 g/m2 de 24 sur 30 cm, avec une couverture pleine toile de couleur vert foncé, une couture au fil et un dos rond. Sa sortie est prévue à la fin de février 2003.

 

Le prix de souscription est de CHF 150.- jusqu'au 10 février 2003 (CHF 180.- dès le 11 février 2003).

 

Les commandes peuvent être adressées à l'Entreprise d'arts graphiques Genoud SA, En Budron D4, 1052 Le Mont-sur-Lausanne ou via internet au travers du site www.secretan.info/info

 

Quelques extraits du livre...pour faire sourire

 

·           Page 228: En 1473, Henri  Secretan, notaire, cité bourgeois de Lausanne en 1466, est élu prieur (Prior & Rector), c’est-à-dire syndic. A cette époque, les revenus ordinaires de la ville de Lausanne sont modestes et proviennent pour l’essentiel de cens en argent, de la location des pâturages communaux, du loyer de terres et de bâtiments ainsi que d’impôts sur le blé, le vin et le sel. Les dépenses concernent les salaires des officiers communaux, syndics, guets, gardes des portes, les fontaines, les bâtiments, les chemins et les écoles. Une cause de dépenses fréquentes et considérables a trait aux repas et banquets que les membres du Conseil s’accordent aux frais de la ville! On retrouve en effet constamment dans les comptes de la ville des articles du type pro prandio, pro cena, pro vino, pro parvo bibitu, pro multis colationibus extraordinariis, pro magno bibitu, potenter bibitum est. Ces abus provoquent de nombreuses réclamations de la part des citoyens qui, n’étant pas membres du Conseil, n’en profitent point ! En 1478, le Conseil ordonne que ses membres ne boiront plus aux frais de la commune, mais ce règlement demeure lettre morte !

·           Page 191: Le 23 juin 1531, Antoine Agasse, châtelain d’Orbe, c’est-à-dire juge, est déposé parce qu’il n’était, ni ne voulait tenir le parti des luthériens (terme générique utilisé à l'époque pour désigner les partisans des idées nouvelles). Il est remplacé par Antoine Secrestain, qui était luthérien mais pour ce fut pas plus homme de bien qu’il était auparavant (c’est-à-dire lorsqu’il était catholique) !

·           Page 157: Fin 1661, c’est-à-dire quelques mois après l’entrée en fonction du ministre Secretan, le banderet et le Conseil reçoivent un mandat du bailli ordonnant de promptement et au plus tôt que faire se pourra, ôter le tronc qu’il y a au temple de Saint-Saphorin, où quelques superstitieux mettent de l’argent pour les pauvres, comme aussi effacer et biffer tous les restats (sic) de croix, images ou choses semblables provenant du papisme, pour par ce moyen enlever tout ombrage de superstition et ne rien laisser qui pût choquer notre vraie religion réformée. Il est assez vraisemblable que le ministre Secretan soit à l’origine de cette injonction baillivale.

·           Page 66: En 1723, de façon assez inattendue, la révolte se manifeste en Pays de Vaud au travers du major Jean-Daniel-Abraham Davel (1670-1723). Se sentant appelé par Dieu à émanciper ses concitoyens vaudois, Davel rassemble trois compagnies, les conduit de Cully à Lausanne et expose à la hâte au Petit Conseil des 24, stupéfait, les modalités du coup militaire qu’il se propose de réaliser. Les Conseillers feignent d’approuver la démarche, mais se dépêchent d’informer les Bernois qui font arrêter, torturer, juger et décapiter le major Davel, le 24 avril 1723. Dans la nuit qui suit, le pharmacien Mercier, accompagné de quelques amis, dont Augustin  Secretan (1696-...), récupère la tête de Davel clouée au gibet pour lui assurer une digne sépulture au Pré en Mont Riond. Le lendemain, Mercier revient seul et la récupère pour l'usage de la Médecine et ce n'est que sept ans plus tard qu'elle est brûlée et que ses cendres sont placées à l'endroit où le corps de Davel avait été enseveli.

·           Page 192: En 1776, le Conseil de Lausanne accorde à Monsieur l'hospitalier Secretan (Pierre Isaac ), quatre places numérotées en l'église Saint-François, deux places au banc no. 59 pour femmes et deux pour hommes au banc no. 8. Ce privilège est aboli en 1786 mais aussitôt rétabli par le Conseil face à la menace des dames de ne plus rien donner pour les pauvres si on leur enlevait les places réservées.

·           Page 195: Depuis la prise de la Bastille, les bourgeois lèvent la tête et on remarque un changement dans l'attitude réciproque des classes sociales: le coup de chapeau des bourgeois devient plus court et le rayon de celui des gentilshommes grandit. Madame de Sévery le remarque dans une lettre écrite à son fils William, en 1792 : J’ai vu ce matin Mr de Loys, le père, qui a tiré son chapeau tout bas à Mr le contrôleur Secretan (il s’agit de Charles Victor Gamaliel  Secretan), lequel a soulevé la pointe du sien; cela m’a fait faire bien des réflexions … et plus loin que leurs chapeaux respectifs !

·           Page 72: Le 24 janvier 1798, l’Assemblée provisoire du Pays de Vaud proclame l’Indépendance, adopte avec transport le nom de République lémanique et, pendant que le drapeau vert est arboré à la fenêtre historique de la Palud, Philippe Secretan (futur directeur helvétique) prend la tête de la délégation qui va prier le bailli bernois, Louis de Büren, de quitter le Château.

·           Page 195: En octobre 1803, le Gouvernement vaudois décide de faire un cadeau au général-ministre Ney, qui représente le Gouvernement français auprès de la Diète fédérale, afin de lui témoigner sa reconnaissance à l’occasion des négociations franco-suisses. Il charge Louis  Secretan (1758-1839), de prendre discrètement contact avec le général pour savoir ce qui lui ferait plaisir. De retour de sa mission, Louis  Secretan s’adresse en ces termes au Gouvernement: lorsque j’ai été introduit auprès du général Ney et lui exposai délicatement le motif de ma visite, celui-ci me dit la chose suivante: je vous vois venir …, eh bien, … quelques rouleaux de louis de Berne trébuchants.

·           Page 188: Deux mois à peine après leur première rencontre, les frères Secrétan, qui passent leurs vacances dans la villa familiale de Granville, apprennent la mort du peintre (Van Gogh), qui survient le 29 juillet 1890, des suites d'une tentative de suicide perpétrée deux jours auparavant. Ce que peu de gens savent, c'est que Van Gogh s'est servi du pistolet de Ravoux trouvé dans le fourbi de pêche de René Secrétan: une vieille pétoire tirant le calibre 380 qui partait quand elle avait le temps mais qui a trop bien fonctionné le jour où Van Gogh a voulu s'en servir.

·           Page 199: Dans la séance du Conseil communal du 3 mai 1897, Edouard  Secretan dépose la motion suivante: La Municipalité est invitée à faire au Conseil communal des propositions pour l'érection, au carrefour des Jordils, d'un monument commémoratif du banquet des Jordils du 14 juillet 1791. Le 22 novembre 1897, le rapporteur de la commission chargée d'examiner cette motion fait un bref exposé historique pour rappeler le climat politique de l'époque et le déroulement du banquet des Jordils. Il engage les Conseillers à soutenir la motion et termine son discours en ces termes: Ah! Messieurs, à l'époque où nous vivons, époque constamment enfiévrée par les préoccupations, les soucis de la vie matérielle, et où nous voyons une notable partie de notre jeunesse ne prendre qu'un intérêt secondaire aux affaires publiques et à l'histoire nationale; où une littérature aussi peu instructive que saine est devenue la lecture préférée d'un grand nombre, nous ne saurions trop honorer la mémoire de nos ancêtres dans tout ce qu'ils ont fait de grand et de beau; nous ne saurions trop nous efforcer d'entretenir dans les coeurs le culte sacré de la patrie !

·           Page 80: En 1920, lorsque le groupe socialiste réclame pour les femmes un droit de suffrage égal à celui des hommes, en invoquant les écrits du philosophe Charles Secrétan, de Benjamin Vallotton et de Maurice Muret, le patriarche Thélin répond: devant l'incertitude des temps, le Conseil d'Etat n'estime pas urgent que la femme vaudoise, Egérie et ange au foyer, devienne la citoyenne mêlée à toutes les luttes et agitations de la vie publique. Le Parlement abonde dans ce sens par 139 voix contre 55 !

 

 

 

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